
Ce manga écrit par Motorô Mase en 2005 raconte l’histoire d’une société nippone dans les années 2000, où le gouvernement japonais a mis en place un vaccin particulier : sur la population entière ayant pris le vaccin, une personne sur mille mourra autour de ses 18 ans, de manière totalement aléatoire, afin de réguler la délinquance, les crimes et encadrer la société de manière « naturelle ». Les victimes de ce vaccin sont prévenues une journée à l’avance de leur décès, afin qu’ils puissent passer une dernière journée accompagnée de leur proches, familles ou amis. Nous suivons alors un homme chargé de livrer ces préavis de mort, que l’on appelle aussi l’Ikigami.

Il est chargé de remettre ces messages funèbres et de faire un rapport de la journée du condamné, travaillant donc pour l’Etat japonais. A travers ses livraisons, nous allons vivre les dernières journées de ces jeunes adultes, souvent en situation compliquée, un bon exemple serait la première victime que l’on voit dans ce manga : un jeune homme harcelé depuis son collège, qui reçoit cet avis de mort, et décide de se venger de ses tortionnaires par justice personnelle. Cette œuvre nous montre donc une dystopie où la société change et s’adapte à un vaccin mystérieux, pendant que le gouvernement semble tirer les ficelles de quelque chose de bien plus grand…

A travers ce livre, il sera difficile de rester insensible à l’histoire de tous ces personnages, par le destin et la situation qui les attend tous. Cette œuvre nous fait aussi réfléchir sur des concepts que l’on explore pas communément, des questions éthiques s’installent dans la tête du lecteur, à savoir si ce vaccin et cette loi sont une bonne ou une mauvaise chose, si cela aide vraiment la société, ou la condamne dans un système autoritaire et cruel, dont on n’est pas certain de pouvoir échapper.Tout comme la mort et ses conséquences, ce manga fera réfléchir son lectorat, et ce sera à lui de juger et d’assister aux derniers instants de ces jeunes adultes, si leurs fins fait honneur à leurs histoires ou non.

La patte très réaliste du dessinateur renforce l’immersion dans l’univers qu’il veut imposer, et il s’agit plus d’une grande critique sur la société et ses mesures qu’une simple histoire dystopique. Cette œuvre ne se repose pas sur des robots géants, des sabres lasers ou des vaisseaux spatiaux pour nous emmener dans la fiction, mais se base sur la cohérence et la vraisemblance des faits, qui font poser des questions comme « Et si cela arrivait ? Comment éviter cette situation ? Comment réagirai notre société ? ». Cela donne un excellent exemple de SF sans utiliser les codes de ce genre : il n’y a pas de vaisseaux ou de rayons lasers de tous les côtés, seul l’aspect sociétal est important, à cause du rôle majeur de ce vaccin.